jeudi 15 janvier2009, 22:11
Quand je prévois quelque chose pour le lendemain, je devrais me plier à la mode locale, à savoir « Inch' Allah ». Ce matin, le temps a complètement changé, le vent a tourné redevenant défavorable et la pluie s'est remise à tomber sans discontinuer depuis 10h. Je reste donc une journée de plus ici, je me suis bien habitué au sec, ca serait dommage de changer maintenant. J'ai profité du tout début de matinée pour aller faire quelques photos dans le souk. C'est quelque chose qu'il ne m'est pas évident de faire, je me mets à la place de ces gens, c'est un peu comme si on passait me prendre en photo quand je bosse au bureau ! Je ne cherche pas forcément le coté « typique » ou folklorique dans les images que je prends, j'ai envi de saisir le mouvement incroyable que l'on peut ressentir ici, une multitude de personnes travaille à de petites tâches, ca crée une atmosphère qui déborde d'énergie. Ca bouge dans tous les sens et en même temps on sent que les gens ont le temps, ou plutôt le prennent. Quand je suis au milieu de tout çà, mon appareil entre les mains, je me sens vraiment comme un cheveux sur la harira. Il y a aussi des visages incroyables, mais là c'est encore plus dur, j'ai vraiment l'impression de manquer de respect si je fais des portraits au zoom. De manière général, j'ai toujours un peu de mal à ce statut de touriste. Je sais quelle image je véhicule, et je trouve parfois déplacer de venir me balader dans le pays avec un vélo coûtant plus d'un an de salaire moyen ici ! (220€/mois). Quand on me demande le prix de mon vélo, je ne donne jamais sa vraie valeur, je trouve cela trop indécent. Ma vision des choses est peut-être naïve. Les fois où je discute de cela avec des marocains on me dit que les gens ici ne voient pas les choses comme cela. Ils voient en moi quelqu'un de courageux ou d'un peu fou-fou ; c'est vrai que tous les encouragements que je reçois sont une preuve de cela, mais je n'arrive pas encore à me sentir à l'aise.Je croise parfois des gens dans un état inimaginable, complètement déformés, usés par la maladie ou la misère et à qui ils ne restent pas d'autres choix que de mendier ou de faire les poubelles. Même si cela existe aussi en France, ici on tombe vraiment très bas dans ce que l'humanité peut endurer, j'ai eu plus d'une fois mal en voyant des scènes assez difficiles. Je cherche un peu ma place dans cela en tant que touriste. Je peux toujours me dire que je ramène de devises et que c'est bien pour le pays mais c'est gens là n'en verront jamais la couleur ! Ma sensibilité est souvent mise à rude épreuve, mais quoique j'en dise, je tiens trop à mon confort de bourgeois européen pour ne pas fermer les yeux et me dire que je ne peux rien faire.
Pas bien gaie aujourd'hui, on mettra cela sur le dos de la grisaille ! Quand on a fini de s'émerveiller par la beauté d'un lieu, on le voit dans son intégralité, avec ce qui est moche aussi. C'est pour cela que c'est pas mal de rester quelques jours au même endroit. On se lève chaque matin avec un autre regard, ca évite de trop idéaliser.
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